Alors que les ministres des finances du G7 se réunissent en Italie, les marchés espèrent des signes qui confirmeront l'amélioration des perspectives de l'économie mondiale, bien que les tensions commerciales croissantes jettent un voile sur l'avenir.

Nvidia, la coqueluche de l'IA, publie ses résultats, Londres cherche à relancer les cotations boursières, tandis que la banque centrale néo-zélandaise est coincée entre une croissance terne et une inflation tenace.

Kevin Buckland à Tokyo, Lewis Krauskopf à New York et Anousha Sakoui, Dhara Ranasinghe et Karin Strohecker à Londres vous donnent un aperçu de ce qui se passera sur les marchés au cours de la semaine à venir.

1/ NUAGES À L'HORIZON

Les prochains chiffres d'activité des grandes économies pour le mois de mai devraient renforcer l'amélioration des perspectives économiques mondiales.

Une lente reprise de la zone euro semble être en cours après six trimestres consécutifs de croissance stagnante ou négative, l'inflation américaine vient de reprendre sa tendance à la baisse et la Chine a connu une croissance plus rapide que prévu au 1er trimestre. Les indices PMI mondiaux devraient donc rester du bon côté de la ligne de démarcation de 50 qui sépare l'expansion de la contraction.

Cependant, les fortes augmentations des droits de douane américains sur les importations chinoises, des batteries de véhicules électriques aux puces informatiques, mettent en évidence la fragilité des perspectives pour le commerce et la croissance au niveau mondial. La Chine promet de prendre des mesures de rétorsion.

Les fabricants allemands, la plus grande économie d'Europe, sont déjà confrontés à des changements dans le commerce mondial et la géopolitique. L'aggravation des tensions commerciales - à l'approche des élections américaines - pourrait les pénaliser davantage, compromettre la reprise en Chine et relancer l'inflation aux États-Unis.

Pour l'instant, les indices PMI mondiaux sont orientés à la hausse. Mais cela pourrait facilement changer.

2/ CHIP TIME

Les résultats trimestriels de Nvidia, mercredi, pourraient donner le ton aux marchés boursiers américains et se répercuter sur les entreprises exposées au domaine florissant de l'intelligence artificielle.

La société de semi-conducteurs, au centre de l'excitation suscitée par le potentiel commercial de l'intelligence artificielle, devrait annoncer une augmentation massive de son chiffre d'affaires et de ses bénéfices pour son premier trimestre fiscal.

Le chiffre d'affaires devrait atteindre 24,8 milliards de dollars, contre 7,2 milliards de dollars un an plus tôt, et le bénéfice par action passer de 1,09 dollar à 5,57 dollars, selon les données de LSEG.

Nvidia pourrait avoir besoin de répondre à ces attentes élevées, et même plus, pour que le cours de son action continue à monter en flèche. Les actions ont bondi de plus de 90 % cette année, après avoir plus que triplé en 2023, faisant de la coqueluche de l'IA la troisième plus grande entreprise américaine en termes de valeur de marché.

3/ LA BRILLANCE ET L'ÉCLAT

Les rapports sur l'affaiblissement du marché boursier londonien sont nombreux : Selon Dealogic, la place boursière la plus populaire d'Europe pendant le boom de 2021 n'a accueilli que 1 % de tous les volumes d'introductions en bourse européens depuis le début de l'année.

Cette situation est-elle sur le point de changer ? Une série de noms connus sont apparus comme des candidats potentiels à la cotation à Londres.

La marque chinoise de mode rapide Shein intensifie ses préparatifs en vue d'une éventuelle introduction en bourse à Londres, qui pourrait être la plus importante de l'histoire de la place si elle est évaluée à 66 milliards de dollars. L'entreprise de diamants De Beers est un autre candidat qui pourrait faire des étincelles.

L'amélioration des flux de fonds mondiaux est un facteur positif.

4/ SURVEILLER, S'INQUIÉTER ET ATTENDRE

La banque centrale qui était à l'avant-garde des changements de politique monétaire au niveau mondial a été contrainte de se mettre en retrait pour faire baisser les taux d'intérêt après avoir atteint des sommets douloureux sur plusieurs années.

La Banque de réserve de Nouvelle-Zélande, qui devrait laisser ses taux inchangés mercredi pour une septième réunion consécutive, a été la première grande autorité monétaire à assouplir sa politique au début de la pandémie, et la première à la relever par la suite.

Mais l'inflation stagnante et l'économie en perte de vitesse maintiennent la RBNZ dans la position "surveiller, s'inquiéter et attendre" qu'elle a adoptée il y a un an.

Les paris du marché sur une éventuelle baisse en octobre la placent derrière la BCE, qui devrait agir en juin, suivie de la BoE en août et de la Fed américaine en septembre. La Suisse et la Suède ont commencé à assouplir leur politique monétaire.

La RBNZ elle-même est encore moins optimiste, puisqu'elle ne prévoit pas de baisse des taux avant l'année prochaine.

5/ LES AVOIRS GELÉS

Les chefs des finances du Groupe des sept grandes démocraties soutiendront un plan de l'Union européenne visant à utiliser les revenus des avoirs russes gelés pour contribuer à l'effort de guerre de l'Ukraine lors de la réunion des 24 et 25 mai, selon l'Italie, qui assure la présidence tournante du groupe.

La perspective d'un financement supplémentaire dans un avenir proche arrive à un moment critique pour l'Ukraine, qui fait face à une nouvelle offensive russe dans la région de Kharkiv, au nord-est du pays.

Le G7 a gelé quelque 300 milliards de dollars d'actifs financiers peu après l'attaque de Moscou contre son voisin, en février 2022, et débat depuis lors de la question de savoir s'il convient d'utiliser ces fonds pour aider l'Ukraine, et de quelle manière. Washington a proposé de saisir la totalité des actifs, mais l'Europe s'y est opposée, invoquant les risques pour l'euro et les répercussions juridiques.

L'Italie a déclaré qu'elle tenterait également de relancer un accord international sur le partage des droits d'imposition des grandes entreprises, que les États-Unis peinent à faire ratifier par le Congrès.