Paris (awp/afp) - Le taux de chômage en France s'est stabilisé à 7,5% au premier trimestre alors que la part des actifs dans la population a augmenté dans toutes les classes d'âge mais surtout chez les seniors en raison du recul de l'âge de départ en retraite, a annoncé vendredi l'Insee.

Ce taux au sens du Bureau international du Travail (BIT), harmonisé au niveau européen, est légèrement meilleur que celui prévu par l'Institut national de la statistique à la mi-mars, qui était de 7,6%.

Dans le détail, 6.000 chômeurs supplémentaires ont été comptabilisés par l'enquête de l'Insee au cours du dernier trimestre écoulé, portant leur nombre dans la France entière (hors Mayotte) à 2,3 millions.

"On est toujours dans une période de ralentissement du marché du travail" avec un chômage "à un niveau plutôt bas si on regarde sur une longue période", a déclaré à l'AFP Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l'institut.

Toutefois "sur un an, la hausse de l'emploi ne permet pas tout à fait de compenser la hausse de la population active qui est très dynamique", ajoute l'expert.

Le taux de chômage, que le gouvernement veut ramener à 5% en 2027, avait atteint fin 2022 début 2023, son niveau le plus bas depuis 1982, à 7,1% de la population active.

A 7,5%, il demeure inférieur de 3 points de pourcentage à son pic de mi-2015.

Ce résultat s'explique notamment par la hausse du taux d'emploi, qui a gagné 0,3 point de pourcentage en un trimestre, passant de 68,5% à 68,8%. La hausse est de deux points par rapport au quatrième trimestre 2019, avant la crise sanitaire.

L'augmentation concerne toutes les classes d'âge. Elle est modérée pour les 15-24 ans, dont le taux d'emploi passe de 35,1% à 35,3% ainsi que pour les 25-49 ans (82,4% à 82,5%) mais plus forte chez 50-64 ans chez lesquels il passe de 67,2% à 67,7%.

"plateau"

La stabilité sur un an du taux d'emploi des jeunes est due à "l'effet de l'apprentissage qui a beaucoup créé d'emplois", selon Nathalie Chusseau, économiste à l'université de Lille, qui pointe toutefois que "les aides à l'apprentissage risquent de se tarir".

Ces aides représentent en effet une dépense publique très importante, évaluée à près de 20 milliards d'euros pour 2022, selon une étude d'un chercheur de l'OFCE, Bruno Coquet.

La hausse du taux d'emploi est particulièrement prononcée chez les 55-64 ans, avec un taux d'emploi qui gagne 0,7 point de pourcentage en un seul trimestre, passant de 58,9% à 59,6%, et 4,2 points par rapport au dernier trimestre 2019.

"C'est un résultat qu'on attendait avec la réforme des retraites" entrée en vigueur progressivement depuis septembre 2023, explique M. Jauneau, qui rappelle que l'Insee s'attend à "une forte hausse du taux d'activité des seniors dans les dix ans à venir".

Pour Nathalie Chusseau, "c'est une très bonne nouvelle". Elle regrette cependant que l'Insee ne fournisse pas de chiffre pour les seuls 60-64 ans, dont le taux d'emploi est nettement plus faible en France que dans la plupart des pays européens et que le gouvernement veut augmenter.

Plus généralement, les créations d'emplois ne suffisent pas à compenser "ceux qui sont détruits", explique l'économiste pour laquelle "on arrive à une sorte de plateau", notamment à cause d'une "activité économique atone".

Le taux de chômage des jeunes reste notamment un point noir du marché du travail français avec une hausse de 0,6 point à 18,1%, en hausse de 1,5 point sur un an.

Ce taux se replie au contraire de 0,2 point pour les 25-49 ans à 6,8%, et est quasiment stable pour les 50 ans et plus à 5,1% (+0,1 point).

Le halo autour du chômage, constitué des personnes considérées comme inactives par le BIT parce qu'elles souhaitent obtenir un emploi mais n'en recherchent pas ou ne sont pas disponibles, "continue de diminuer et est maintenant inférieur à son niveau d'avant-crise sanitaire" avec 1,9 million de personnes concernées, constate encore M. Jauneau.

afp/al