Le système financier canadien reste résilient, mais l'ajustement continu à des taux plus élevés et les chocs possibles présentent des risques clés pour la stabilité, a déclaré jeudi le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem.

Les taux d'intérêt sont à leur plus haut niveau depuis 23 ans et la banque a déclaré qu'elle surveillait la capacité des institutions et des ménages à assurer le service de leurs dettes ainsi que l'évaluation de certains actifs, qui semblent être devenus tendus.

Macklem a fait ces remarques lors du lancement du rapport annuel de la banque centrale sur la stabilité financière.

"Le système financier canadien demeure résilient. Au cours de l'année écoulée, les ménages, les entreprises, les banques et les autres institutions financières ont pris des mesures proactives pour s'adapter à la hausse des taux d'intérêt et faire face aux chocs économiques", a-t-il déclaré.

"Cet ajustement n'est pas encore achevé et continue de présenter des risques pour la stabilité financière.

La plupart des prêts hypothécaires canadiens ont une durée de cinq ans et l'une des préoccupations est de savoir ce qui se passera lorsque les ménages commenceront à renouveler leurs prêts à des taux nettement plus élevés. Une autre préoccupation est le stress croissant des locataires et l'augmentation des arriérés sur les cartes de crédit et les prêts automobiles pour les ménages qui n'ont pas d'hypothèque.

Au cours de l'année dernière, la part des emprunteurs sans hypothèque qui ont un solde de carte de crédit d'au moins 80 % - des personnes qui, selon la banque, risquent fort de ne pas pouvoir rembourser une dette future - a légèrement augmenté et s'élève désormais à 23 %.

"L'augmentation des coûts du service de la dette réduit la flexibilité financière des ménages et des entreprises et les rend plus vulnérables en cas de ralentissement économique", indique le rapport.

À la fin de 2023, plus d'un tiers des nouveaux prêts hypothécaires auront un ratio de service de la dette hypothécaire supérieur à 25 %, soit le double de la part des nouveaux prêts hypothécaires ayant le même ratio en 2019.

La première sous-gouverneure, Carolyn Rogers, a déclaré que les données suggéraient que les ménages avaient la flexibilité nécessaire pour continuer à assurer le service de leurs dettes à des taux plus élevés, en partie parce qu'ils avaient mis de l'argent de côté et qu'ils gagnaient également plus.

Avant la publication du rapport, les marchés monétaires estimaient à environ 60 % la probabilité d'une réduction en juin, tandis qu'une réduction en juillet est entièrement prise en compte.

La semaine dernière, M. Macklem a déclaré que la banque centrale se rapprochait de la possibilité de commencer à réduire les taux, mais il a jusqu'à présent refusé de donner un calendrier.

Le rapport indique que les corrections de prix pourraient être importantes et brutales si les attentes concernant la trajectoire des taux changeaient de manière significative ou si les perspectives économiques s'assombrissaient.

"Les valorisations exagérées des actifs pourraient ne pas refléter correctement les risques pesant sur les perspectives économiques et augmenter ainsi la probabilité d'une correction désordonnée des prix", indique le rapport.

Les particuliers et les entreprises se sont davantage concentrés sur le calendrier et l'ampleur des baisses de taux des banques centrales, ce qui a entraîné un regain d'appétit pour le risque, selon le rapport, qui note que les indices boursiers américains et canadiens de référence ont atteint des sommets historiques en 2024.

Les valorisations restent sous pression dans une partie du secteur de l'immobilier commercial, en particulier dans le sous-secteur des bureaux.

"Tous les gestionnaires d'actifs n'ont pas entièrement reflété ces valorisations réduites dans leurs bilans, ce qui signifie que d'autres ajustements pourraient être nécessaires à l'avenir", indique le rapport.

(Rapport de David Ljunggren et Dale Smith)

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