Dans le cas des grandes capitalisations, un mot de travers ou une phrase mal interprétée et ce sont rapidement des milliards de valorisation boursière qui partent en fumée. Nous le rappelions en février dernier en commentant le cas de PayPal.

On comprend donc pourquoi l’immense majorité des dirigeants d’entreprises cotées marchent sur un fil. Il s’agit d’éviter les sujets qui fâchent et de toujours présenter le verre comme à moitié plein. Paraphraser les communiqués de presse, ressasser des lieux-communs, employer le jargon d’usage et parsemer son propos de promesses invérifiables et de termes en vogue — ces temps-ci, « IA » et consorts — sont les recettes les plus sûres.  

Justement, parler ainsi pour ne rien dire semble être une spécialité du directeur général de Starbucks Laxman Narasimhan. Sommé de s’expliquer sur les résultats médiocres du groupe, l’intéressé — qui n’avait pas franchement fait d’étincelles lors de son précédent mandat chez Reckitt — a multiplié les exploits oratoires. 

Parmi le best-of : "We are very confident [that] our Triple Shot Reinvention with two Pumps strategy will deliver on the limitless potential of this brand.". Soit, en Français dans le texte, et sans rire : "Nous sommes très confiants que notre stratégie de réinvention à trois tirs et deux pompes assurera le potentiel illimité de notre marque.

Ou encore : "The thing we didn’t do enough of is really attack the occasional customer with delivering and communicating value to them in a more aggressive manner." En Français dans le texte : "Là où nous avons pêché, c’est en attaquant pas assez le client occasionnel en délivrant un message de valeur plus agressif."

Voici pour l’ambiance de la première salle. Les lecteurs intéressés par Starbucks et curieux de lire le transcript du dernier conference call dans son ensemble le trouveront bien entendu sur Zonebourse. Notre dernier commentaire des résultats du groupe, quant à lui, est ici

L’ambiance de la seconde salle diffère quelque peu. Bienvenue chez TFI International, anciennement TransForce, l’acquéreur en série et champion du transport routier en Amérique du Nord dirigé par le charismatique Alain Bédard, lui aussi discuté dans nos colonnes en octobre dernier.

Interrogé par un analyste sur un petit loupé opérationnel, Alain Bédard ne s’est pas encombré de précautions de langage pour appeler un chat un chat : « So one of the reasons we were not big in heavy shipment is because we were stupid. » Le propos se passera sans doute de traduction dans la langue de Molière !

Voici pour l’ambiance de la seconde salle. Les lecteurs intéressés par TFI et curieux de lire le transcript du dernier conference call dans son ensemble le trouveront ici.