Je n'avais pas sorti depuis longtemps de mon chapeau le concept de marché qui dit qu'une mauvaise nouvelle est une bonne nouvelle. Plus précisément, il faudrait dire "une mauvaise nouvelle économique est une bonne nouvelle pour les marchés actions". Et plus précisément encore, "une mauvaise nouvelle économique aux Etats-Unis est une bonne nouvelle pour les marchés actions parce qu'elle peut suggérer une politique monétaire plus souple, donc des taux plus bas, donc de l'argent plus abondant et meilleur marché". C'est un peu ce qui s'est passé hier aux Etats-Unis. Les indices d'activité PMI avancés du mois d'avril ont montré que la vigueur des services s'affaiblit et que la dynamique manufacturière est passée en zone rouge aux Etats-Unis. Il n'en fallait pas plus pour que le marché action tire en conclusion hâtive : la situation économique se dégrade, la Fed ne pourra pas laisser ses taux aussi élevés trop longtemps. Une mauvaise nouvelle est une bonne nouvelle.

Le raisonnement est plutôt fragile bien sûr, et pose une fois de plus la question de la surréaction des marchés au moindre indicateur un peu déviant. Cela n'a pas empêché le Nasdaq 100 de reprendre 1,5% après avoir gagné 1% la veille. Ainsi le trou d'air de vendredi (-2%) a-t-il été effacé. Même scénario pour le S&P500, qui est remonté de 1,2%. En Europe, la reprise des places boursières avait déjà démarré, sans doute parce que le vieux continent pense que la Banque centrale européenne n'a pas les mêmes contraintes que la Fed pour commencer à assouplir sa politique monétaire. A l'image du CAC40, plusieurs indices continentaux ont glané hier une quatrième hausse en cinq séances. Le Footsie britannique a même été reçu 5 sur 5 pour crever un nouveau plafond (à ce titre, mes confères d'Alphaville, dans le Financial Times, ont pondu six graphiques prouvant que le Footsie n'est pas vraiment au plus haut sur plusieurs métriques).

Les marchés actions se sont donc remis la tête à l'endroit, même si les rabat-joie de l'obligataire continuent à leur dire : ne prenez pas vos rêves pour des réalités sur la politique monétaire, les indicateurs PMI n'ont pas encore changé la donne. Il est vrai que le marché des titres à revenus fixe est un peu plus dur à bouger que celui des agiles actions.

Pendant ce temps, les publications d'entreprises continuent, avec en entrée ce soir Meta Platforms, en attendant le lendemain Microsoft et Alphabet. C'est Tesla qui a joué les amuse-bouche hier soir. Suite à la publication des résultats du premier trimestre, le titre flambait de 13% hors séance, après avoir perdu 40% depuis le début de l'année. Les chiffres étaient encore plus mauvais que prévu, avec des ventes en baisse, une marge opérationnelle au plancher et une consommation de trésorerie très élevée. Le marché s'attendait à la catastrophe, donc pas de surprise de ce côté-là. En revanche, le rebond s'est nourri des incantations d'Elon Musk. Le dirigeant a confirmé que Tesla va accélérer ses efforts pour sortir des véhicules meilleur marché plus tôt que prévu, ce qui a remis en selle la fameuse auto à bas prix que les rumeurs disaient compromise. A moins que ce ne soit des versions moins chères des véhicules actuels ? Tout cela n'est pas encore bien clair, mais les incantations ont pris le dessus sur les chiffres pour offrir une reprise à l'action. Avec une valorisation de 60 fois le profit cash attendu en 2025, il va quand même falloir se montrer concret à un moment ou à un autre.

Pour rester dans le registre des entreprises convalescentes et revenir en Europe, le patient Kering est toujours en soins intensifs. Le groupe avait prévenu mi-mars que ses ventes du 1er trimestre seraient indigentes. Le management avait oublié de dire que les résultats aussi. Par contraste avec la résistance d'un LVMH ou d'un Hermès, Kering a perdu pied en début d'année. La menace pesait depuis un moment sur Gucci, la marque-amiral du groupe, déclassée par rapport à ses rivales. L'analyste de Bernstein Luca Solca résume assez bien la situation ce matin, en rappelant que le marché pensait que l'avertissement de mars constituait une réinitialisation des anticipations, alors que la barque n'avait manifestement pas encore été complètement chargée. La transformation de Gucci est plus difficile que le marché ne le pensait, souligne l'analyste. Concrètement, le résultat opérationnel de Kering au 1er semestre sera inférieur de 40 à 45% à celui de la même période en 2023. Autant dire un gouffre. De ce que je peux voir sur les plateformes alternatives, l'action Kering pourrait démarrer en baisse de 9% ce matin (astuce : la cotation sur l'OTC américain hier soir donne des indications). Pour garder une attitude positive, les analystes qui suivent le dossier notent les bonnes performances de Bottega Veneta, Boucheron et Balenciaga, et insistent sur le fait que le groupe évite de dégrader la valeur de Gucci en se lançant dans du déstockage massif. L'objectif reste de valoriser la collection du nouveau designer Sabato de Sarno, qui sera pleinement déployée au 3e trimestre.

Ailleurs dans l'actualité, les publications de résultats d'entreprises sont très nombreuses en Europe et le seront aussi aux Etats-Unis à partir de midi. Le mercredi et le jeudi concentrent généralement le plus d'annonces durant les périodes de communication de résultats trimestriels en bourse. J'ai recensé pas mal de chiffres dans la seconde partie.

En Asie Pacifique ce matin, on prend le sillage de Wall Street. Le Japon, Taiwan, la Corée du Sud et Hong Kong en profitent pour s'offrir de très gros rebonds de 2% voire plus. La Chine continentale et l'Australie sont à peine à l'équilibre, pendant que l'Inde gagne 0,5%. Les indicateurs avancés européens ont recommencé à n'envisager que la hausse à l'ouverture.

Le CAC40 démarre la séance en repli de 0,08% à 8100 points, avec un petit trou d'air Keringesque. Le SMI se replie de 0,1% à 11 454 points, grevé par Roche. Le Bel20 gagne 0,3% à 3903 points.

Les temps forts économiques du jour

La journée débutera en Allemagne avec le climat des affaires IFO (10h00). Plus tard, aux Etats-Unis, les commandes de biens durables seront annoncées à 14h30 et la journée se terminera avec les stocks de brut DOE (16h30). Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,071 USD. L'once d'or remonte à 2329 USD. Le pétrole remonte un peu, avec un Brent de Mer du Nord à 88,44 USD le baril et un brut léger américain WTI à 83,37 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans se maintient à 4,62%. Le bitcoin se négocie 66 133 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Adecco Group Ag : Bernstein maintient sa recommandation de performance de marché avec un objectif de cours réduit de 37 à 33 CHF.
  • Adidas Ag : Stifel passe d'une recommandation de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 150 EUR à 250 EUR.
  • Afry Ab : Nordea Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours de 196 SEK.
  • Akzo Nobel N.v. : AlphaValue/Baader Europe dégrade sa recommandation à vendre depuis alléger avec un objectif de cours de 67,90 EUR. JP Morgan passe de souspondérer à neutre avec un objectif de cours relevé de 68,50 EUR à 70 EUR.
  • Boliden Ab : ABG Sundal Collier passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 310 SEK à 390 SEK.
  • Enento Group Oyj : SEB Bank passe de conserver à acheter avec un objectif de cours de 19 EUR.
  • Eq Oyj : Inderes passe d'alléger à accumuler avec un objectif de cours de 14 EUR.
  • Euronext N.v. : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 109 à 108 EUR.
  • Galp Energia, Sgps, S.a. : RBC Capital passe de performance de secteur à surperformance avec un objectif de cours relevé de 17 EUR à 25 EUR.
  • Hemnet Group Ab : Pareto Securities passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 300 SEK à 350 SEK.
  • Kering : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 461 à 472 EUR. Deutsche Bank maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 540 à 460 EUR. Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 372 à 310 EUR. JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 400 à 350 EUR. Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 370 à 360 EUR. Mediobanca maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 400 à 390 EUR. Morgan Stanley reste à pondération de marché avec l'objectif de cours réduit de 405 à 365 EUR. RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 440 à 430 EUR.
  • Kojamo Oyj : JP Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 12 EUR à 12.50 EUR.
  • Kongsberg Gruppen Asa : DNB Markets passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 680 NOK à 780 NOK.
  • M6 Métropole Télévision : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation de réduction avec un objectif de cours relevé de 14,60 à 14,70 EUR.
  • Nyfosa Ab : DNB Markets passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours relevé de 91 SEK à 100 SEK.
  • OVH Groupe : Morgan Stanley reste à pondération de marché avec l'objectif de cours réduit de 10,20 à 9,45 EUR.
  • Pluxee N.v. : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 38 à 40 EUR.
  • Randstad N.v. : Jefferies passe de sousperformance à conserver avec un objectif de cours de 42 EUR.
  • Renault : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 55 à 60 EUR.
  • Robertet : Stifel maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 1000 à 1100 EUR.
  • Sanlorenzo S.p.a. : BNP Paribas Exane démarre le suivi à surperformance avec un objectif de cours de 53 EUR.
  • Sanofi : Bernstein maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 108 à 114 EUR.
  • Sartorius Stedim Biotech : Berenberg maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 262 à 243 EUR.
  • Sodexo : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 91 à 94 EUR.
  • Temenos : Citigroup reste à neutre avec un objectif de cours réduit de 68 à 65 CHF. JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours réduit de 101 à 84 CHF.
  • Ubisoft Entertainment : Barclays maintient sa recommandation de pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 23,45 à 21,35 EUR.
  • UBS Group Ag : Citi passe d'achat à neutre avec un objectif de cours réduit de 28 CHF à 27 CHF.
  • Virbac : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 295 à 353 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Air Liquide confirme ses perspectives pour 2024 malgré un T1 affecté par l'énergie.
  • Bic vise une hausse des revenus 2024 comprise entre +5% et +7%.
  • Eurofins confirme ses objectifs 2024 après une hausse de ses revenus au 1er trimestre.
  • ID Logistics affiche une croissance de 17,6% du chiffre d'affaires au premier trimestre 2024.
  • Ipsen améliore ses revenus de 13,3% au T1.
  • Kering s'attend à une baisse de 40 à 45% son résultat opérationnel au T1.
  • Nexans confirme ses objectifs 2024 après un chiffre d'affaires record au 1er trimestre.
  • Orange répond aux attentes en matière de bénéfice d'exploitation de base au premier trimestre.
  • Séché Environnement confirme son objectif de croissance de 5% en 2024.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • ASM International annonce des commandes qui dépassent les attentes.
  • Assa Abloy affiche un bénéfice d'exploitation en hausse au premier trimestre.
  • Baker Hughes dépasse les estimations grâce à la demande internationale.
  • Eni augmente ses rachats d'actions après un bénéfice net supérieur aux attentes au premier trimestre.
  • Enphase perd 6% hors séance après des prévisions inférieures aux attentes.
  • Galderma enregistre une hausse de 12,4% de son chiffre d'affaires au premier trimestre.
  • Heineken vend plus de bière au premier trimestre et maintient ses prévisions.
  • Iberdrola relève ses prévisions de bénéfices après un premier trimestre solide.
  • Lloyds Banking Group annonce une baisse de 28% de son bénéfice au premier trimestre.
  • Reckitt confirme ses prévisions après le T1.
  • Roche publie des ventes du premier trimestre en baisse de 6% en raison de l'effet de change et de la perte des revenus de COVID.
  • Tesla rebondit de 13% après des résultats médiocres mais la promesse de véhicules plus abordables.
  • Texas Instruments gagne 8% hors séance après ses trimestriels.
  • Visa gagne 2% hors séance après ses trimestriels.
  • Volvo Car augmente ses bénéfices au T1 grâce à la baisse des coûts.

Annonces importantes (et moins importantes)                                                                                                                                                                                

D'Europe

Des Amériques

D'Asie Pacifique et d'ailleurs

Le reste de l'agenda mondial des publications ici.

Lectures