Son chiffre d’affaires décline de 6% et son profit de 67% par rapport aux trois premiers mois de l’année précédente, malgré ce que le directeur général Stefan Widing décrit comme une conjoncture plutôt favorable sur les marchés des métaux et dans le secteur minier en général.

C’est dans le secteur des infrastructures et de l’industrie que le bât blesse, surtout en Europe, tandis que ces secteurs d’activités tiennent encore bon en Amérique du Nord. Voici un indicateur relativement fiable de la préoccupante situation économique du Vieux Continent, sans doute entré en récession malgré les tentatives de communication rassurantes de la banque centrale européenne. 

Sandvik, qui émergeait à peine d’une longue période de disette entre 2014 et 2021 — caractérisée par un véritable hiver nucléaire dans le secteur des matières premières — espérait avoir repris le chemin de la croissance. Satisfaisante en 2021 et sur la première moitié de 2022, celle-ci est hélas en chute libre depuis. 

Ceci, malgré les $4.5 milliards investis en acquisitions depuis 2020. Du reste, au premier trimestre 2024, cette stratégie de croissance externe continuait avec les rachats du distributeur de solutions logicielles américain Cimquest, et celui du fabricant d’instruments de découpe allemand Almü. 

Le groupe suédois a toujours demandé à ce qu’on évalue sa performance économique en la lissant sur le temps long, pour tenir compte des puissants effets de cycle sur les marchés qu’il adresse. A cet égard, on observera qu’en dollars américains son chiffre d’affaires atteignait en 2023 un niveau exactement comparable à celui où il se trouvait dix ans plus tôt. 

Le profit d’exploitation et le résultat net, en revanche, ont presque doublé sur la période. La concentration des efforts d’investissement du groupe dans le développement de ses outils digitaux et le poids de l’after-market — qui représente les deux-tiers de son chiffre d’affaires — sont à l’origine de cette expansion de marges. 

Quitte à parler de tendances lissées sur le temps long, on note que la valorisation de Sandvik évolue actuellement pile sur sa moyenne à dix ans. Il est remarquable de constater que ladite valorisation n’est jamais tombée sous le seuil de neuf fois les profits sur la période ; c’était en 2018, au plus-bas dans le secteur des matières premières. 

Même au second trimestre de l’année 2020, en plein choc de la pandémie, la valorisation du groupe suédois n’était pas descendue sous le seuil de treize fois les profits ; elle avait à ce titre mieux résisté que celle du leader mondial Caterpillar.